Le puig Sec de Banyuls

Il y a de nombreux "Mont Chauve", certains sont célèbres et d'autres sont sans histoire. Des "Puig Sec", ayant la même signification que "chauve, pelé, sans végétation", avec ce nom typiquement  catalan, il y en a déjà moins, et ils sont localisés dans les environs.

       Un fameux "puig Sec", culminant à 2.665 mètres d'altitude, se pavane au sud du pic du Canigou, (2.784 m) dans le massif du même nom, dans les Pyrénées Orientales.

       Beaucoup plus modeste, puisqu'il ne dépasse pas les 380 mètres d'altitude, est le puig Sec de Banyuls. Cette humble colline, vaguement en forme de pain de sucre, isolée au centre d'une vaste vallée en forme d'amphithéâtre, mène tranquillement sa vie au nord du hameau du mas des Abelles et au sud de deux cols que nous connaissons  bien pour y aller souvent : le col des Gascons et celui de Vallauria (ou Ballaury). Plusieurs  dizaines de petites ravines des pentes sud du col de Vallauria, à la fois sous le Saillfort et sous le massif de la Madeloc,  recueillent les eaux de pluie alimentant, avec une source, la Baillaury qui se jette dans la Méditerranée à Banyuls.

Le puig Sec ou ''mont Chauve'', n'est pas si chauve que cela, ou du moins n'est-il dégarni que sur sa face sud. Celle-ci est effectivement rocheuse, nue, aride; mais sa face nord, accessible à pied, est couverte de végétation de maquis (avec du thym, du romarin, du spic, des cistes, etc.).

          Sur son sommet, ont été répertoriés des vestiges de l'époque romaine, encore visibles, vraisemblablement d'un poste de guet construit en dur. Dans une enceinte de pierres de schiste aurait été édifiée, il y a deux millénaires, une construction permettant à une petite unité de guetteurs de vivre sur place. Pierres et débris de tegulae (tuiles romaines) jonchent encore le sol. L'emplacement est de premier ordre pour un poste frontalier de vigie : du "sommet" du puig Sec de Banyuls, la vue est à 360° sur la chaîne des Albères, sur le Querroig et la Madeloc, sur le passage du col de Banyuls et sur celui de Vallauria, sur la mer, sur tout ce qui passe entre la Gaule romaine et l'Ibérie au niveau des passages ''qui suivent le littoral''. Rien ne pouvait échapper à l'oeil vigilant des guetteurs postés au sommet du puig Sec (dont le nom, il y a 2000 ans, ne nous est pas parvenu).  

Mais, il n'y a pas mieux que des Banyulencs pour nous parler des beautés de leur "petit pays". En allant sur le blog des Amoureux de Banyuls, en copiant cette adresse, , vous verrez les photos et les commentaires écrits suite à une de leurs randos au puig Sec : 

 http://amisdebanyuls.canalblog.com/archives/2016/08/26/34237055.html

     Et c'est ce puig Sec de Banyuls que nous sommes allés saluer, ce mardi 6 avril 2021. Nous étions un vaillant groupe de 22, mené par Jean-Paul, Jean-Pierre et Didier. La tramontane était prévue et était au rendez-vous, nous asssurant un ciel bleu dégagé.    

      Notre boucle, prévue pour atteindre 19 km avec 750 m de dénivelé, a eu comme itinéraire : un départ de Banyuls et la montée à la chapelle de La Salette (quelques notes à son sujet plus bas). Puis, par le coll d'Ullestre et celui de la Coma del Mas, arrivée au coll des Gascons. La piste sur la même courbe de niveau, à flan du massif de la Madeloc jusqu'au coll de Vallauria (ou Baillaury). La descente sur notre gauche jusqu' au pied du puig Sec et l'attaque de sa face nord jusqu'au sommet où "ça sent le Romain".

          Pour nous, aujourd'hui, après le sommet du puig Sec, continuation de la descente jusqu'à proximité du mas de Baillaury : c'est le bon moment de pique-niquer au soleil et au grand vent tourbillonnant qui nous balance de vraies claques. Dès le début du repas, une violente rafale renverse sur François le verre de vin de Jean-Paul. François lance alors à la cantonnade une offre généreuse de ses ''amourettes au vin''. "Mais, c'est une gasconnade, le sachet est vide !" déplore et reproche une voisine déçue.  

           Après le pique-nique, et toujours luttant contre la tramontane, nous continuons notre la descente sur la rive droite de la Baillaury. Un coup d'oeil sur un ancien four à chaux. Remontée entre les vignobles et vue sur les hameaux dépendant de Banyuls : d'abord le hameau très ancien, datant du IXè siècle, des Abelles. Sa chapelle est en fait la première église de Banyuls. Le mot "abelles" ou "abeilles" est une déformation phonétique, au cours des siècles, du mot latin "espilles" désignant un poste romain de vigie bâti là comme l'autre au sommet du puig Sec. Banyuls a commencé ici son existence au 9 ème siècle, au hameau des Abelles, sous le col, et sous la protection de l'abbaye de Saint-Cirq (de Colera), avant que la petite et pauvre population des Abelles, jugeant la sécurité revenue avec l'élimination des pirates maritimes et des raids islamiques, s'installe peu à peu sur le bord de mer, à l'emplacement du Banyuls actuel.

           Nous sommes ensuite passés au-dessus et près des deux hameaux jumeaux donnant une impression (justifiée) de propreté, de prospérité, de maisons bien entretenues, de vie agréable dans la nature très verte, que sont le Mas Parer et le Mas Atxer. Puis, par le Mas Perotet et le Can Rafelet, rattrapant le chemin d'Annicet, nous avons entamé notre descente urbaine sur Banyuls par le sentier qui débouche près de la gendarmerie, avant de rejoindre le parking de Carrefour.

Combien d'heures de marche ? : 6. Combien de kilomètres ? : 19,3 . Combien de dénivelé ? : 750 m . Belle rando ? Super ! 

Notre Dame de La Salette. A chaque fois que l'on passe à cette chapelle, on entend dire : "J'en connais une autre, de Salette, dans les Alpes !" - "Et moi, une dans l'Aveyron !" - "Et moi, une dans le Nord ou le Pas de Calais !" - "En fait, c'est quoi l'origine ?" Voici :

Le samedi 19 septembre 1846, (c'est en 1845 qu'à Port-Vendres on commence à creuser le nouveau port et à faire la place Castellane avec les matériaux prélevés sur 300 m de long, 175 de large et 9 de profondeur) donc, vers 15 heures, dans des pâturages surplombant le village de La Salette-Fallavaux, dans le département de l'Isère (dans la province du Dauphiné, près de Grenoble), deux enfants occupés à garder les vaches de leurs parents, Mélanie Calvat, 14 ans, et Maximin Giraud, 11 ans, ont une apparition. Ils en parlent le soir à leur maîtresse d'école, la veuve Caron, qui va voir le curé. "Ils disent qu'ils ont vu "une belle dame" blanche en pleurs, dans une lumière resplendissante et qui leur a parlé. Elle demande aux chrétiens de prier et de lutter contre la famine qui fait souffrir les gens." L'évêque de Grenoble fait une enquête, son successeur aussi, et l'apparition est déclarée plausible, croyable et est officiellement reconnue comme réelle. Une basilique est construite à l'endroit de l'apparition en 1848. Et un peu partout en France, mais aussi dans tout le monde, sur tous les continents, sont construites des églises et des chapelles dédiées à Notre-Dame de La Salette et portant ce nom.

Et celle de Banyuls ? Elle fut construite en 1863 par Bonaventure Reig, à la suite d'un pèlerinage qu'il fit à la première église Notre Dame de la Salette en Isère. Vous savez tout !

Photos !