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Les randonnées pédestres d' EVASION CATALANE
14 avril 2021

Le Promontoire Pyrénéen (celui d'en haut, du fond, à droite)

        En l'an 2 avant Jésus-Christ (inutile de préciser que la date n'était pas ainsi indiquée !) un général romain, Agrippa, fit dessiner sur le mur lisse d'un portique de Rome une très grande carte représentant l'Empire romain en pleines conquêtes, avec ses fleuves, ses barrières montagneuses, ses routes, ses temples, ses stations pouvant être d'utiles étapes aux légions romaines, ses endroits remarquables, ainsi que ses limites frontalières (par exemple entre la Gaule romaine incluant la province de Narbonne et le "pays des Barbares", au sud des Pyrénées, pays pas encore conquis par Rome, mais qui n'allait pas tarder à l'être). Cette même année, un historien et géographe romain, Strabon, fêtait ses 61 ans (il était né en - 63 et il mourra en 25). Il avait déjà écrit sa "Géographie" dans laquelle il signalait que le sanctuaire de Vénus marquait la frontière de la Gaule à ce moment-là. Vraisemblablement lui ou son ouvrage ont été de bons conseils pour la fabrication de cette grande carte murale à Rome. Port-Vendres d'aujourd'hui devrait dédier une avenue ou une place centrale à Strabon et lui élever une statue. Strabon est le saint protecteur de Port-Vendres !

                          Cette carte murale à Rome fut rapidement copiée par les Romains intéressés par les voyages, puis re-copiée, puis re-re-copiée cent fois au cours des siècles, notamment par les moines copistes durant le Moyen-Âge. Et finalement, à partir d'une copie du XIII è s. se trouvant à Colmar,  un exemplaire fut imprimé en 1591, à qui l'on a donné le nom de son imprimeur : c'est la "carte de Peutinger". Et même si l'imprimeur Peutinger commit  quelques erreurs et fautes de copiage du modèle emprunté à Colmar, il nous a laissé un travail nous permettant de mieux connaître l'empire romain. Et notre environnement précis ici !

            Ainsi, sur cette carte de Peutinger, on voit écrit le nom de la grande ville romaine de l'époque, Illibéris (Elne) et, sur le rivage, écrit "Promontorium Pyrenaeum", juste au-dessus d'un cap  s'avançant nettement dans la mer, mais sans que l'on puisse savoir lequel cap est représenté, Béar ou Creus, les deux étant confondus en un seul promontoire. Cette confusion sera exploitée en faveur de la France sous Louis XIV lors de la signature du Traité des Pyrénées en 1659. Entre l'inscription d'Illibéris (Elne), et le promontoire s'enfonçant dans la mer, est dessinée une île, avec un sanctuaire en son centre. Sur l'exemplaire original emprunté à Colmar et datant du XIII è siècle, la façade du sanctuaire est percée de 6 fenêtres. Sur la carte imprimée par Peutinger, le copiste n'a représenté que 5 fenêtres pour ce même sanctuaire au milieu de son île. Mais, au-dessus de l'île,  l'indication "ad centenarium", signale le même casernement d'une centurie romaine. L'endroit est important, par son sanctuaire, servant de frontière avant de futures conquêtes qui agrandiront l'Empire romain, et par sa situation au pied du cap, du promontoire qui termine les Pyrénées dans la mer. 

                 

        Dans sa "Géographie", Strabon a pris la précaution de bien préciser que les mesures qu'il donne pour situer "le sanctuaire de Vénus, qui est la limite de la Gaule" à ce moment-là, doivent être comprises "en suivant le rivage". Et il donne ces mesures en milles romains à partir de Narbonne (ce qui correspond exactement aux 93 km d'aujourd'hui), mais aussi à partir de l'embouchure de l'Agly, de celle du Têt, de celle du Tech, pour bien insister sur le niveau auquel est situé ce "promontoire pyrénéen" : c'est un cap marin. Un peu plus tard, un autre géographe romain, Pline l'Ancien (23 - 79) indiquera lui aussi l'emplacement de ce sanctuaire de Vénus, mais à partir d'Empuries (ce qui correspondra là encore exactement aux 59 Km d'aujourd'hui) : toujours au niveau de la mer, et pas en altitude !

                     Cette précision pour situer le sanctuaire de Vénus "en suivant le rivage" était logique. Le sanctuaire ne pouvait se trouver que là où les marins grecs et romains pouvaient vénérer la déesse de l'amour, des prostituées et des marins, et honorer les hiérodules sans quitter des yeux leurs navires. Des navires qui mouillaient à l'ancre dans l'abri qui n'avait pas d'autres structures portuaires (pas de quais) que le sanctuaire de la déesse  et ses dépendances, sur l'île centrale du port  appelé Portus Veneris. A la même époque, l'aphrodision de Corinthe était pourvu de mille hiérodules officielles, "plus autant", disent les textes anciens, de hiérodules indépendantes. "Il faut être riche pour faire escale à Corinthe !" affirmait le dicton. L'aphrodision de Portus Veneris n'était pas renommé à ce point, mais il ne pouvait se situer qu'à proximité des bateaux faisant le chargement du minerai de fer et des diverses denrées traversant la Méditerranée.  En spécifiant "en suivant le rivage" et en donnant les mesures de distance à compter des embouchures des fleuves et de Narbonne, Strabon ne pouvait pas imaginer qu'une autre interprétation de "Promontoire Pyrénéen" allait un jour être opposée à son texte et le trahir. Ce jour advint pourtant en 2012.

Trois déménagements illégaux et clandestins : celui du "Promontoire Pyrénéen", celui du Sanctuaire de Vénus et celui du passé antique de Port-Vendres.

                    Les hauteurs rocheuses du cap Béar et du cap Creus, donc "en suivant le rivage", hauteurs qui ont été connues durant deux mille ans pour être "le Promontoire Pyrénéen" des Anciens, ont été déménagées en 2012 à hauteur du relief montagneux qui part du Mont Canigou jusqu'à la mer à Argelès. C'est à dire dans ce grand massif qui est composé des sommets que nous appelons aujourd'hui : le "massif de la Massane" (794 m), le  "puig dels Quatre Termes" (1110 m), et le "puig de Sallfort" (978 m). Ce massif constitue le but de notre randonnée d'aujourd'hui.

            Les déménageurs indélicats ont commencé par nier le passé antique de Port-Vendres en le déménageant à Collioure (ce n'est pas loin : 2 km 1/2) mais ils n'ont pas hésité à déménager le Promontoire Pyrénéen depuis le cap Béar jusqu'au sommet des Quatre Termes, ce qui fait quand même plus de mille mètres d'écart en altitude et une belle distance à parcourir pour y arriver !  Ils lancent aux gens qui aacceptent de se laisser berner : "Vous cherchez le sanctuaire de Vénus? Il n'est plus sur la côte ! Le Promontoire Pyrénéen sur lequel il se trouve  est désormais en haut, au fond, à droite" ! Leur troisième déménagement a donc été celui du sanctuaire de Vénus, le faisant passer du port de Port-Vendres au col Dels Terrers, à 900 mètres d'altitude, où ils ont décrété qu'un ridicule abreuvoir à vaches était ce sanctuaire ! Nous y passerons tout à l'heure. 

Ces déménageurs d'aujourd'hui, avant tout traitres à Strabon et à l'Histoire, agissent de façon pire que les négociateurs plutôt malhonnêtes qui furent chargés de préparer le Traité des Pyrénées de 1659. Rappelons-nous ce qui s'était passé en 1659.

                Première tentative d'interprétation du "Promontoire Pyrénéen" du rivage (les caps).

               En préparation du Traité des Pyrénées de 1659, les négociateurs français, faisant tout pour gagner  du territoire sur l'ennemi espagnol, préféraient indiquer le Cap Créus plutôt que le Cap Béar comme "promontoire pyrénéen" de référence, celui qui avait autrefois, du temps des Romains, délimité l'antique frontière de la Gaule romaine. Sous Louis XIV, à Port-Vendres, il ne restait plus rien de visible de l'antique frontière ni du sanctuaire de Vénus marquant cette frontière mentionnée par Strabon. De guerre lasse, les négociateurs espagnols acceptèrent que ce soit Cerbère/Port-Bou qui, entre les deux caps, figure comme point de départ de la frontière, et ils signèrent le Traité de 1659. Ce mauvais accord ne régla rien, puisque les Espagnols, ulcérés de la ruse et de la malhonnêteté des diplomates français menés par Mazarin, préférèrent reprendre la solution militaire, celle de la guerre de la frontière. Elle dura jusqu'au milieu du XIX è s. : on en sait quelque chose ici, à Port-Vendres, en voyant les constructions françaises des fortins, forteresses et casernes qui décorent depuis 1863-1865,  les hauteurs qui entourent notre village.

         En tout état de cause, les négociateurs de Mazarin, tel Pierre de Marca, étaient, eux, gens de grande culture. Jamais ils n'auraient accepté l'idée de trahir Strabon et Pline en déplaçant le sanctuaire de Vénus en altitude, ailleurs qu' "en suivant le rivage". Ni, car étant également gens de bon sens, d'imaginer des marins partant en montagne, loin de leurs bateaux, vénérer la déesse des marins dans un sanctuaire boueux et crasseux à 900 mètres d'altitude ! De plus, ces vrais savants recherchaient, eux, le bien collectif, l'intérêt général, et non pas leurs intérêts particuliers.

        Le déménagement actuel, que nous subissons depuis 2012, du Promontoire Pyrénéen, depuis la côte (le cap Béar) jusqu'aux hauteurs orientales des Albères (où vient d'être créé le "sanctuaire de La Fajouse") constitue une seconde tentative de déplacement du promontoire mentionné par Strabon et qui figure sur les cartes romaines qui nous sont parvenues grâce à l'exemplaire imprimé par Peutinger.  La première tentative, celle de 1659, était un déplacement horizontal, au niveau de la mer, de Béar vers Creus. Alors que la manoeuvre actuelle est verticale et en diagonale, depuis Port-Vendres jusqu'aux sommets des Albères, sur le territoire d'Argelès.  Ceci en totale violation du respect des rigueurs scientifiques obligeant l'archéologie comme science. Désormais, il nous faudra nous rendre "en haut, au fond, à droite" pour situer le "Promontoire Pyrénéen" de Strabon et des Anciens, attachés pourtant à situer le sanctuaire de Vénus à deux pas des bateaux.

               Mais, qui sont ces déménageurs et que veulent-ils avec ces trois déménagements ?

Il s'agit d'une entreprise politique à plusieurs niveaux, coordonnée et délibérée, qui s'est attachée à nier tout passé antique à Port-Vendres, de façon à y privilégier l'activité commerciale portuaire bien que déficitaire et subventionnée. Par exemple, sur les nouvelles cartes touristiques régionales indiquant les lieux marqués par l'Antiquité romaine, et où figuraient bien évidemment Portus Veneris avec de nombreuses autres cités rappelant l'époque romaine, Portus Veneris (et Port-Vendres) ont disparu. Port-Vendres est effacé, nié, déménagé à Collioure.  

   Un puzzle d'une bonne dizaine de pièces s'emboîtant bien les unes dans les autres, ce qui est le signe d'une coordination travaillée à tous les niveaux politiques (incluant des archéologues fonctionnaires), montre ce travail de sape : la négation du passé antique de Port-Vendres.  

      Dans quel but ? En niant à Port-Vendres tout passé antérieur au 1er siècle de notre ère et en affirmant que tout avait été fouillé et qu'il n'y avait plus rien à chercher, les promoteurs et les petites mains de ce montage se sont accordé fort logiquement toute possibilité de faire des travaux dans le port (ceux de 2019) comme de projeter la construction du 3 ème quai, sans qu'il soit besoin de fouilles archéologiques préalables. Ni d'ailleurs de précautions écologiques inutiles (les Grandes Nacres ont été déplacées, peu importe que cela ait causé leur mort).

Et comme les textes anciens (ceux de Ptolémée, Strabon, Polybe, Pline l'Ancien, ...) situaient  la frontière de la Gaule "en suivant le rivage" depuis Narbonne, au "Promontoire Pyrénéen", il suffisait de déplacer ce fameux "Promontoire Pyrénéen" pour qu'il ne soit plus à Port-Vendres ! Une partie fut ainsi déplacée à Collioure. Et une autre au col Dels Terrers, où nous avons randonné aujourd'hui. Ces déménagements furent effectués sans qu'il y ait de grandes réactions. D'abord parce que l'inculture historique est sciemment entretenue (comme par exemple l'annulation du projet de Musée Archéologique et Historique à Port-Vendres ! Il y faut des dockers, oui, mais aussi un silence absolu sur l'histoire ancienne de Port-Vendres !). Les décisions politiques imposées de l'extérieur à Port-Vendres ne suscitent pratiquement pas de réaction !

                  Ensuite à cause de l'inertie générale. Qui, à Port-Vendres, va réagir en entendant que Port-Vendres n'a pas eu d'histoire du temps des Phéniciens, des Grecs, des Romains ? Que ce n'était pas à Port-Vendres, précisément à 93 km de Narbonne et à 59 km d'Empuries, que se trouvait le fameux sanctuaire de Vénus qui marquait la limite de la Gaule romaine ? Qui va réagir en entendant que c'était Collioure le port appelé "Pyréné" par les Anciens et que c'était à Collioure et non à Port-Vendres que le général Caton rassembla la flotte des galères romaines en 195 avant J. C. ? Qui va réagir en lisant que la bauge du col Dels Terrers, que nous visitons aujourd'hui, est "le sanctuaire de Vénus" marquant la limite de la Gaule, est "le plus grand nymphée d'Europe, est "la deuxième plus grande découverte archéologique de ces trente dernières années" ? Les articles de "L'Indépendant" relatent régulièrement, sans l'appeler par son nom de "déménagement", cet important  déplacement géographique de l'activité pré-romaine de Port-Vendres à Collioure. Depuis 30 ans, les 4000 objets remontés des fonds sous-marins à Port-Vendres, et entassés sans excessive publicité dans un local à Port-Vendres, attendent d'être exposés ailleurs. "Ainsi, tout ce qui est (se trouve) à Port-Vendres est (appartient) à Collioure !" s'est exclamé M. Guy Llobet devant un auditoire hilare le 29 septembre 2020 à la Salle commune de Collioure, après un exposé annulant (nous sommes dans la période de la "cancel culture") et niant méthodiquement le passé antique de Port-Vendres. Pas grand monde de Port-Vendres ne s'est offusqué. Les faussaires et les déménageurs indélicats en profitent donc, déménagement après déménagement. 

           Port-Vendres n'ayant donc pas eu d'existence dans l'Antiquité, selon les déménageurs, il y a cependant un problème. Ce sont les écrits des historiens et géographes romains mentionnant qu'un "sanctuaire à Vénus" existait comme marque remarquable de la frontière de la Gaule romaine. Il fallait donc trouver où situer ce sanctuaire ailleurs qu'à Port-Vendres :  n'importe où donc, mais ailleurs qu'à Port-Vendres. C'est le second point du montage : déplacer le sanctuaire, de Port-Vendres à n'importe où ailleurs.   

         Plutôt qu'à l'anse Gerbal où les premiers chercheurs avaient pensé le localiser, qui se trouve à l'entrée de l'avant-port, le Pr. Bisconte propose (dans son livre "Pyréné") que ce sanctuaire ait été bâti sur l'ancienne île du port, avant qu'elle devienne presqu'île et qu'elle finisse arasée en 1929 pour qu'y soit quelque temps plus tard construite la Gare Maritime. Il a des arguments scientifiques et il demande que des fouilles sous-marine aient enfin lieu dans le port même de Port-Vendres.

         Mais jamais il n'y eut de fouilles sous-marines dans le port. Les seules fouilles ont été menées dans l'avant-port, au nord-est d'une ligne reliant l'anse Gerbal aux Tamarins, sans que l'anse des Tamarins elle-même ait été fouillée.

           La nécessité du déménagement a donc abouti à la fabrication du "Sanctuaire de La Fajouse" par des fonctionnaires participant à l'entreprise de négation d'un sanctuaire à Port-Vendres. Cela a pu se faire grâce à une aubaine. Celle de la signalisation, par des randonneurs, d'une sorte de source servant d'abreuvoir aux troupeaux, au col Dels Terrers, près de la source de la Maçana. En y enfonçant la main, ils y avaient trouvé des pièces de monnaie anciennes.

           Cette modeste source, l'une des dizaines de "fontaines miraculeuses" de nos montagnes, a alors été en urgence absolue désignée comme étant "le plus grand nymphée d'Europe", "le sanctuaire de La Fajouse " et "la limite de la Gaule en suivant le littoral" (pour citer Strabon) alors qu'elle se trouve à 900 mètres d'altitude et à 4 h de montée, comme si les marins des bateaux phéniciens, grecs, romains, avaient pu les abandonner à l'ancre au port toute une journée malgré les coups de vent !

                En réalité il s'agit là-haut d'une simple bauge pour sangliers et blaireaux, utilisée aussi comme  abreuvoir à vaches. Cette maigre sortie d'eau au pied du rocher dels Terrers rendit service aux voyageurs appréciant de s'y désaltérer et qui y laissèrent une piécette. Mais cette petite cuvette est surtout aujourd'hui utilisée comme un nécessaire outil politique destiné à enlever à Port-Vendres son passé et son droit à revendiquer d'avoir abrité le sanctuaire de Vénus mentionné par les Anciens. Et pour, en conséquence de cette négation, de cet effacement, pouvoir détruire, enlaidir, appauvrir, humilier le Port-Vendres d'aujourd'hui.

Prochain déménagement : ce sera celui du tas de matériaux remonté par dragages des fonds du port suite aux travaux effectués en 2019 sans fouilles archéologiques préalables. Ce tas se trouve en attente de décision sur sa destination finale, il est stocké sur l'aire portuaire, près des containeurs fruitiers. Ces 3000 M3 sont de composition variée :  des déchets jetés ou tombés dans le port, des sédiments, du sable et des morceaux de rocs enlevés du pourtour de l'ancienne presqu'île/ancienne île recouverte aujourd'hui par la Gare maritime et son glacis, divers blocs blancs, taillés, qui ne sont pas du schiste local, et pourraient être des éléments de vestiges antiques. Du moins faut-il faire une vérification sérieuse et indépendante avant de le nier. Le fond de cet endroit du port n'est pas plat, mais comporte de nombreuses cuvettes ou puits rocheux qui n'ont jamais été fouillés. Il est donc possible et même probable que les coups de dragues aient remonté, avec des déchets qui ont vocation à devenir des déblais, des pièces archéologiques ou des éléments d'antiques constructions qu'il est indispensable d'analyser et de préserver. Une simple analyse de surface du tas ne correspondrait à rien. Une étude sérieuse de sa composition, et des gros blocs travaillés encore visibles sur son pourtour, serait une condition indispensable avant qu'il soit enlevé, déménagé. Mais nos déménageurs compulsifs à l'oeuvre depuis 2012 entendent bien faire déménager à la sauvette ce tas (que nous appelons "le Tombeau de Vénus", de notre Vénus qu'ils ont déménagée là haut, au fond, à droite, plus haut que La Fajouse). Et voudraient l'utiliser pour servir de déblai à quelque chantier routier. Ils redoutent que quelque pièce antique y soit découverte. Ils ont fait une demande de fonds publics de plus de 700.000 euros pour payer ce déménagement qui n'avait pas été prévu dans le budget des travaux de déroctage du port de 2019 ! Ils sont mauvais en tout, même en prévisions budgétaires. Nous allons donc pouvoir observer le déroulement de cette nouvelle forfaiture que nous préparent  ces professionnels des déménagements. Ce sera leur quatrième déménagement historique en peu de temps au détriment des intérêts de Port-Vendres. 

                          Soyons précis. Il ne s'agit pas d'une "guerre de clochers" entre Port-Vendres et Collioure, mais, de leur part, d'une entreprise politique étant parvenue à privilégier des intérêts privés au détriment des intérêts collectifs et du bien commun. Et l'Histoire fait partie du Bien commun.

               Notre itinéraire nous ayant fait passer par le Col Dels Terrers où a été signalé à grand renfort de communiqués de presse depuis 2012 ce tout nouveau "sanctuaire d'Aphrodite" (ou sanctuaire des marins) à 900 mètres d'altitude, nous ne pouvions pas y passer sans éclater de rire à l'évocation des efforts déployés pour désigner cette triste bauge comme étant le "sanctuaire de Vénus" mentionné par Strabon et Pline il y a 2000 ans !   

               Regardons encore ces quelques photos du "plus grand Nymphée d'Europe" et du "Sanctuaire d'Aphrodite" ou "de Vénus", en tous cas de "la deuxième plus grande découverte archéologique de ces trente dernières années"comme ils le présentent (évitons de citer l'auteur de ces plaisanteries pour ne pas lui faire de la publicité indue).

Nymphée de la Fajouse 2

Nymphée de la Fajouse 3

Nymphée de la Fajouse 4

Nymphée de la Fajouse

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                   Ceci étant dit, combien étions-nous pour cette belle rando ? : 24.   Combien de kilomètres avons-nous parcouru ? : 22,4.  Et avec  quel dénivelé ?  :  1100 m. Qui menait le groupe ? : Jean-Paul, Jean-Pierre, Jean-Marc, Didier.  Quel temps faisait-il ? au départ, venteux et froid, puis le vent est tombé et nous avons randonné et pique-niqué sous un superbe soleil avec un ciel bleu avec une température idéale tout le reste de la journée de rando.    Où avons-nous pique-niqué ? :  aux Colomates, comme des seigneurs ! Avons-nous remarqué que, aux Colomates, des abrutis avaient fracassé un coin de la table de ciment ? oui, et pas que. Et que, le "Refuge de Tomy", au pied du Sallfort, que Maurice, le retraité banyulenc qui l'a aménagé bénévolement et qui l'entretient régulièrement, a été refait à neuf, nettoyé, repeint et doté d'une nouvelle porte et de nouvelles fenêtres. De tristes personnages (les mêmes ?, d'autres ?) l'avaient incendié cet hiver, brûlant table, sièges, montants de lits, décoration, porte et fenêtres, lançant depuis l'extérieur des blocs de pierre à travers les fenêtres, cassant le réchaud à gaz pour le rendre inutilisable, mettant tout dans le même état que leur amour pour notre pays et notre société.  Maurice, d'esprit égal et inébranlable, confiant dans la bonté et l'intelligence humaines, a patiemment poncé la suie des parois et les a repeintes en blanc, a monté sur son dos depuis Banyuls les plaques de plexiglass et les planches de bois, a tout remis en état, et a resouhaité aux visiteurs sur un nouveau Livre d'Or (l'ancien a évidemment disparu) une agréable escale. Merci, Maurice !

Et quel fut notre itinéraire ? Superbe : du col des Gascons (parking des voitures retrouvées là au retour de la boucle), la piste jusqu'au col de Vallauria, puis le sentier du G. R. 10 mais très vite délaissé pour prendre, à la cote 554, le "chemin de l'eau" qui traverse le Ravaner, suivent la Font d'En Vergès, la Font d'En Cassanyes, le coll d'en Verderol, le passage sous le puig Rodon et, avant d'arriver au Corral dels Porcs et à la Place d'Armes, nous avons suivi le joli petit sentier tirant vers l'ouest, au dessus de la réserve protégée de la Massane. Après notre traversée de la Massane naissante, nous avons débouché sur la prairie si agréable des Colomates. Pause pique-nique au soleil et au calme dans cette nature préservée à perte de vue.

Après le repas, quittant les Colomates, nous sommes montés à travers les praires d'altitude au sommet du puig des Quatre Termes, puis descendus au Roc de la Canal Grossa, et avons rejoint la crête des Albères servant de ligne de frontière avec l’Espagne, frontière décidée au Traité des Pyrénées de 1659. Le G. R. 10 reliant Hendaye à Banyuls, l’Océan à la Méditerranée, suit ici cette crête frontalière, passant de col en col : nous l'avons pris vers l’Est, pour passer le col de la Maçana, le col de la Carbassera, le col dels Terrers, le col del Pal après la Montagna Rasa, et enfin, après le passage sous le puig de Sallfort, ce fut la longue et sportive descente sur le sentier caillouteux sur le col de Valauria, puis le col des Gascons.

Lorsque nous sommes parvenus au coll Dels Terrers, nous avons fait une pause. Les Port-Vendrais (mais pas que !) sont quand même intrigués par cette histoire qui court depuis quelques années (depuis 2012, en fait), du « Sanctuaire de La Fajouse » qui, d’après une excellente propagande de deux archéologues locaux complaisamment relayée par « L’Indépendant », serait d’après eux l’antique sanctuaire d’Aphrodite, ou de Vénus. Ce sanctuaire mentionné par les historiens et géographes romains, qui, à juste titre, a toujours été situé au Portus-Veneris des Romains, devenu Port-Vendres. C'est ici que l'histoire politique déroulée au début a sa place. Aphrodite et Vénus étaient les déesses de l'amour, des prostituées et des marins. Un culte à Vénus à 900 mètres d'altitude et à des heures de grimpette du bateau ne tient pas.

            

Sur le tronçon de GR 10 entre le col de Formigo et celui des Gascons, Jean-Paul avait remarqué depuis un certain temps un curieux plan de lavande albinos. De la lavande blanche, aux fleurs non pas bleu-lavande ni mauve-lavande, mais blanches et parfumées à la lavande ! La photo de ce plan rare et qui est même peut-être plan  unique (dans ce cas il s'agirait d'une nouvelle espèce prenant le nom de : "lavandus albinus joannuspaulus") se trouve plus bas en avant-avant dernière place.

Magnifique boucle ! Une des plus belles de notre environnement proche. A la fois la mer et les plages du Roussillon, les coteaux, les vignobles, les prairies d'altitude, les hêtres de la forêt primaire de la Massane, le calme du hameau de bergers des Colomates (nom provenant d'un lieu d'affût aux palombes, aux pigeons, aux ''coulombes''), les prairies où broutaient où rêvassaient des vaches heureuses, les sommets herbus ou même rocheux et pelés d'au-dessus de la limite des arbres, les vrais sentiers de randonneurs, les horizons à perte de vue, l'Espagne sous notre pied droit à la ligne de crête frontalière, jusqu'au-delà du cap Creus et des limites de la vaste plaine de l'Empordan, la belle vie malgré le vandalisme de casseurs, malgré l'histoire de la bêtise et de la cupidité humaines au col Dels Terrers où la source a faussement été appelée "Sanctuaire de La Fajouse" depuis 2012,  le bonheur heureusement de constater la générosité de Maurice refaisant le Refuge incendié et saccagé de Tomy, le ciel bleu et le grand vent sous le soleil, l'allure dynamique, rien n'a manqué pour satisfaire nos têtes et nos jambes ! Une rando comme on les aime !

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