Retour dans les Aspres. Casefabre et boucle autour de Caixas.

Jolie boucle dans les Aspres autour de Caixas. Casefabre .

Les Pyrénées Orientales sont composées de dix régions naturelles caractéristiques.

Notre région des Albères, par une corne qu'elle possède à l'ouest, effleure délicatement la région des Aspres. Celle-ci, au plein centre du département des Pyrénées Orientales, est entourée par les régions du Vallespir, du Conflent, des Fenouillèdes et du Ribéral, celle-ci étant finalement l'extrémité sud de la vaste et riche plaine du Roussillon. 

Ces Aspres constituent les contreforts orientaux du massif du Canigou, et donc de la chaîne des Pyrénées. Thuir est la ville principale des Aspres.

Nous sommes déjà venus il y a quelques semaines randonner dans la région des Aspres. C'est la région des "terres arides", par comparaison avec le Ribéral voisin, les "terres fertiles" couvertes de vergers et de prairies. Et, après avoir dépassé les Hostalets de Montauriol, sur notre montée vers le mont Héléna, nous avions aperçu, en contrebas sur la gauche, le village de Caixas que nous avons approché aujourd'hui, dont nous avons fait le tour sans y accéder, mais sur le territoire duquel nous avons agréablement randonné.

Notre boucle d'aujourd'hui, 23 mars 2021,  a eu le joli petit village de Casefabre pour point de départ et d'arrivée. Il se situe à 60 kilomètres de Port-Vendres. Cette boucle était programmée pour 19 km (nous en avons effectué 18,7) avec 700 m de dénivelé (nous n'en avons effectué "que" 560) : le retour à Port-Vendres avant l'heure du couvre-feu nous imposait de ne pas trop traîner. La région traversée est boisée de chênes, région encore sauvage, dépourvue de cultures vivrières, mais elle est fleurie et parfumée. Le blanc des bruyères géantes, le jaune des ajoncs, le violet des cistes, se sont ajoutées au camaïeu des forêts vertes à perte de vue. Et le Canigou enneigé et majestueux s'est imposé d'où que nous soyons au cours de notre boucle, pour notre plus grand plaisir.

               Le lieu-dit Casefabre est mentionné en 981 dans un acte écrit du roi Lothaire de France. Cette terre (sans village) est alors possession de l'abbaye de Saint-Génis-des-Fontaines. Elle la cèdera, au 12 è siècle, à l'abbaye Saint-Martin du Canigou. La situation du village sur un terrain assez escarpé n'a pas favorisé son développement. Mais le modeste village d'aujourd'hui est beau, avec ses maisons de pierre de schistes polychromes, il est propre, coquet et reposant. Au point que Jean-Paul, une fois la rando terminée, a essayé une tombe anthropomorphe, datant peut-être de l'époque carolingienne, creusée dans le schiste à la sortie du village. Il l'a trouvée assez confortable et bien placée, mais a demandé un sursis avant de signer définitivement. L'émotion était palpable dans l'assistance et le choeur d'"Evasion Catalane" a entonné un vibrant "De Profundis Morpionibus" repris par tous.

 Durant la période du néolithique, la région était peuplée, comme plusieurs dolmens l'attestent : celui appelé l'Arca de la Font Roja, celui de la Ramera et celui du Serrat d'en Jacques. 

           Le territoire de CAIXAS a bénéficié d'une richesse relative tout en étant dans les terres pauvres des Aspres. Et 3 paroisses faisaient partie du même territoire de Caixas : Saint-Cucufat de Caixas, Sainte-Colombe de Las Illas, et Sainte-Marie de Fontcouverte.

Nous connaissions déjà l'église Saint-Cucufat, qui est devenue au 17 è siècle l'église Saint-Marc : nous avions pique-niqué à l'ombre de ses murs il y a moins d'un mois.

Nous avons découvert aujourd'hui les deux autres. D'abord  l'église Sainte-Colombe-de-Las-Illas ( qui a été construite au 10 è siècle). La jeune fille qui portait le nom gracieux de Colombe était originaire de Saragosse et vivait vers les années 250 à 300. Exactement comme son contemporain Cucufat (lui originaire d'Afrique mais venu vivre à Barcelone) elle avait décidé de ne pas prier les dieux romains, dont l'empereur Dioclétien divinisé, mais de s'engager (contre les envahisseurs romains) dans la religion chrétienne (qui était une résistance locale). Tous deux furent arrêtés, suppliciés, martyrisés sous l'empereur romain  Dioclétien au 3 ème siècle. Et nous retrouvons leur souvenir dans la même région et dans deux paroisses voisines : Saint-Cucufat (dont l'église prit le nom de saint-Marc au 17 è siècle) et Sainte-Colombe. Toutes deux sur le territoire de Caixas.

  Puis nous fîmes halte, pour le  pique-nique, à la chapelle Sainte-Marie de Fontcouverte,  (mentionnée en 942). Ces deux églises (d'anciennes paroisses aujourd'hui disparues, à l'époque où il y avait des mas alentours)  sont d'époque romane (leurs arcs étant en plein cintre) ayant été construites au 10 ème siècle. Le territoire de ce hameau s'appellait aussi Montoriol de les Illes. Il est situé à proximité du site ruiné du Bon Mosso, grand mas circulaire avec sa propre chapelle, minuscule édifice roman à nef unique appelée Sant Julià del Vilar (ou de la Garriga).

Après le pique-nique, pas question de résister à la tentation de visiter la troisième église de notre parcours : elle est dédiée à Saint-Pons-de-Candell, et date du 12 è siècle, desservant le hameau de Candell.

Les cimetières de ces trois anciennes paroisses, au pied de leurs églises, témoignent de l'activité minière qui apportait du travail aux habitants avec l'exploitation des mines de minerai de fer  : les tombes sont surmontées de crucifix en fonte de fer local.

                      Très agréable météo de printemps ensoleillé et sans vent; jolie rando loin de tout, dans l'air pur et la  chlorophylle, avec de vraies descentes et de vraies montées; peu de sentiers, mais des pistes et routes de terre; rando menée par Jean-Paul, Jean-Pierre et Didier. Nous étions 20, et bienvenue à Pat !