Très agréable journée de marche dans les Aspres sauvages.

Nous avons profité (nous étions 16) d'un bon soleil et d'une température de printemps, en ce  26 février 2021, pour marcher avec plaisir sur cet itinéraire en boucle de 17,5 km, avec 690 m de dénivelé, menés par Jean-Paul, Jean-Pierre et Jean-Marc :     Montauriol et son hameau des Hostalets avec son bijou la chapelle saint-Amanç, le magnifique ermitage isolé de Nostra Senyora del coll, le mont Eléna face au Canigou enneigé puis la chapelle de St Marc, construite il y a plus de mille cent ans et alors dédiée à saint Cucufat, perdue dans la nature, dominant un paysage sauvage et beau.

La région des Aspres , dans les Pyrénées Orientales, est une région de terre rocailleuse, en hauteur, sèche, plutôt stérile et difficile à cultiver. Elle est composée en majorité d'une végétation de garrigue, d’ajoncs et de cistes, sur un sol schisteux. Heureusement, la végétation et la verdure ne manquent pas et l'ensemble, à l'horizon dégagé, est très attachant et beau. La région des Aspres est située en frontière de la trés fertile plaine du Roussillon  et se caractérise par son paysage trés vallonné, son aridité  et sa forte chaleur l'été. Les "Aspres" désignent donc les « terres arides », par comparaison avec les terres riches, appelées le « Riberal » (où une autre belle rando est programmée pour le 16 mars prochain).  

A la sortie du hameau des Hostalets, faisant partie de la commune de Montauriol, se trouve la chapelle St- Amanç de la Ribéra (st-Amans de la rivière) :

cette chapelle date de l'époque qui a suivi la christianisation du Roussillon par Charlemagne (au 9 è s.). D'après son architecture elle semble être du XIIe siècle, sans doute édifiée pendant le règne des puissants vicomtes de Castelnou, dont la famille était à la fois le chef temporel des Aspres mais aussi spirituel, puisque les évêques d'Elne étaient tous, au XIe et XIIe siècle, des membres de cette famille.

De façon classique, les chapelles du XIIe ont remplacé des lieux de culte antérieurs, généralement des oratoires ou même des sites ''païens'', souvent rattachés à une source d'eau miraculeuse. L'isolement de la chapelle tend à privilégier cette hypothèse. La première mention du site date de 1140, un document cite le nom de "Sant Amans", mais il ne fait pas mention d'une chapelle. Celle-ci n'apparaît qu'en 1380 sous le nom de "Sant Amantis de Ripparia".

Elle se présente sous la forme d'une nef unique surmontée d'une voûte en plein cintre. Son abside est semi-circulaire. Un puits, aujourd'hui muré, se trouve à côté.

La montée au col nous a fait parvenir à la Chapelle Nostra Senyora dell Coll, à 504 m d'altitude. Bien restaurée, la chapelle abritait autrefois un ermitage dont il reste les vestiges.

 Après le Coll de Prunet de Baix, arrivée au Mont Héléna (ou Eléna) à 776 m d'altitude.

Ce sommet est un excellent poste d’observation contre les incendies. Hélène (qui a également donné son nom à la ville d’Elne, l’ancienne Illibéris, lors de l’emprise grecque sur la région au 2 è s. avant notre ère) était la mère de l’empereur Constantin (280 – 337), chef de l’empire romain d’Orient, qui choisit Byzance pour installer sa capitale (qui changea alors de nom pour devenir "la Ville de Constantin" ou Constantinople, capitale de l’empire byzantin jusqu’en 1453).

Pique-nique à Saint-Cucufat.

En redescendant du mont Héléna, nous avons fait halte sous les chênes entourant la chapelle préromane aujourd'hui appelée St-Marc d’Eléna, à 525 m d'altitude. Elle se situe sur le territoire de la commune de Caixas (nous irons randonner à Caixas le 23 mars). Dès 1020, une église dédiée à saint Cucufat (originaire d'Afrique, martyrisé en 303 à Barcelone sous l'empereur romain Dioclétien) est mentionnée ici. Des vestiges d'ermitage sont encore visibles aux alentours. Plus tard, changeant de patron, elle est dédiée à saint Marc, davantage connu que Cucufat. Cette émouvante et vieille chapelle aurait besoin qu'une association prenne en charge son entretien : des particuliers et voisins font leur possible pour la conserver propre, mais elle est en danger de se dégrader. "Qu'est-ce qu'on est bien ici !" fut la réflexion spontanée la plus soupirée durant le gai pique-nique. 

Après la pose-repas, et accompagnés de la jeune chienne Léna, nous sommes redescendus ppour rejoindre saint-Amans aux Hostalets.

Et là, nous avons fêté comme il se doit l'anniversaire de Jean-Wagner et trinqué à sa santé. "Combien, Jean-Wagner ?" - "Un nombre de deux chiffres dont le total fait 15" se contenta-t-il de répondre avec coquetterie. - "Nous voilà bien avancés ! 69 ? 78 ? 87 ? 96 ?" - "Choisissez !" -"Bon ! On s'en fiche, après tout ! Mais on trinque à ta santé ! Bon anniversaire !"