Une vallée restée sauvage : celle du Ravaner.

  Remontée de la vallée du Ravaner jusqu'au camp d'en Selva.

  Bonsoir. On (le président) me signale à l'instant : " Juste une modification pour la rando de vendredi, elle n'apparaît pas en première page, tu t'es trompé de date, vendredi on était le 29".

Vous allez donc tous être punis en recevant une seconde fois le même texte, mais avec la date du 29. Faites-en bon usage !

Mille excuses !   

Le petit fleuve appelé le Ravaner mesure 11,3 km de long entre sa source et son embouchure dans la Méditerranée, sur la crique de l’Ouille, qui fait partie de la commune de Collioure. Lorsque nous irons au Racou (rando prévue pour le 2 février), nous traverserons cette embouchure du Ravaner et cette petite plage de l’Ouille. Ce petit fleuve délimite les territoires des communes d'Argelès et de Collioure. En cas de fortes précipitations il peut se transformer en torrent dévastateur : un important dispositif de blocage des arbres déracinés et de troncs d'arbres emportés par le courant a été mis en place en amont du pont routier.

                  Aujourd’hui, 29 janvier 2021, nous nous sommes rapprochés en voiture de notre point de départ, au dessus de Collioure dans la vallée du Ravaner, avons contourné le mas Christine, et avons emprunté le sentier montant à la tour de la Massane, jusqu’au coll du camp d’en Selva avant de redescendre par un autre chemin très sportif pour effectuer une boucle de 10,9 Km avec 530 m de dénivelé. Le groupe de 15 avait Jean-Pierre aux manettes, assisté de  Jean- Paul et Jean-Marc. 

                    Voilà des noms : ''Selva'', ''Ravaner'',  qui nous sont parvenus depuis loin dans le temps et qui témoignent du caractère sauvage et pauvre de cet endroit. La silve, la selva, le bois, la forêt sauvage. Et le « Rafanario » (c’est ainsi que le petit fleuve est nommé en 981), est un nom qui indique un lieu sauvage, stérile et aussi pauvre qu’un ravin dont on ne peut rien tirer de bon.

Alors qu’à côté, par comparaison, il y a la « Bonne Vallée », Vallis Bona, Vall Bona (citée en 1164 comme appartenant aux moines de Saint-Cirq de Colera) où coule la rivière Vallbona qui est un affluent de la rive droite du Ravaner. Dans cette vallée à la terre fertile et aux riches pâturages, qui avait été donnée par les moines de Saint-Cirq de Colera à leurs frères de l'abbaye Ste-Marie de Fondfroide (Narbonne), des moines de cette abbaye avaient fondé en 1242 un monastère cistercien (abandonné en 1734, et devenu aujourd'hui ferme d'élevage bovin et propriété privée). Les bons moines ne s'étaient pas trompé de vallée !

         Heureusement, ce lieu sauvage, pauvre, stérile (au sens de production agricole), de la vallée du Ravaner a été reconnu comme un véritable refuge naturel pour la faune et la flore. Considérée comme un corridor biologique cette vallée ingrate a été classé ZNIEFF : Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique.

En outre, cette ZNIEFF (classement 1) de la vallée du Ravaner se trouve à la jonction de deux autres zones également classées (mais catégorie 2) : la ZNIEFF du « Massif des Albères » et celle des « Versants littoraux et de la côte rocheuse des Albères ».

Une libellule bleue (l’Agrion de Mercure, en photo) et plusieurs oiseaux (le Colchevis de Thékla, l’Hirondelle rousseline, la Fauvette à lunettes) et des végétaux comme l’Arbre au Poivre ainsi que des plantes comme la Brassica montana, bénéficient de la protection de cette zone.     

Autrefois, la pêche aux anguilles était pratiquée dans le Ravaner.

 Il ne reste plus qu’un seul moulin à eau en bon état (dans une propriété privée située sur la commune de Collioure traversée par le Ravaner), les autres anciens moulins, abandonnés, étant tombés en ruine. Comme celles du « Moli Romput » (sur la commune d’Argelès.

      Plusieurs dolmens témoignent de la présence humaine ici à l’époque de la pierre polie (ou Néolithique, entre 6000 et 2000 avant notre ère).

Des traces d’habitats datant des périodes du Bronze (10 è siècle avant J. C.) et de l’Âge du Fer (6 è siècle avant J. C.) ont été relevées dans le bas de la vallée du Ravaner. Et, à ces mêmes époques, des populations occupaient un oppidum, ou venaient s’y réfugier en cas d’attaques : "oppidum" = fortification sur un sommet, servant de refuge. Cet « oppidum du Ravaner » est naturellement protégé sur son ''piton'' par  deux faces escarpées qui le rendent difficile à atteindre.

     Les Romains ont utilisé, pour en faire une des branches de leur Voie Domitienne, un passage de l’antique Voie Herculéenne qui, quittant le rivage à Colioure (donc avant le sanctuaire de Vénus de Portus Veneris) remontait la vallée du Ravaner, rejoignait la vallée du Baillaury puis le col des Espilles (« de la Vigie ») devenu Col de Banyuls, de façon à gagner directement Empurias, ville pré-romaine, en traversant le massif des Albères au lieu de le contourner « en suivant le rivage ».

Lors du siège de Collioure en 1642, les troupes de Louis XIII avaient établi une partie de leurs campements le long du Ravaner, la plage de l'Ouille servant de débarcadère à sa marine de guerre et de ravitaillement. Le nom du « Camp d’en Selva », le camp de la forêt, conserve la trace de ces passages des armées depuis les Romains.

          Une belle petite rando sportive, tonique, avec de bonnes secousses aux descentes, et avant tout dans un environnement resté sauvage. Le printemps est bien annoncé, par les arbres en fleurs et les bourgeons. Les cochons auront à manger, pas de souci à se faire !

C'est que des menteries ? Non ! La preuve ! :