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Les randonnées pédestres d' EVASION CATALANE
20 janvier 2021

CERBERE et le circuit de la vallée des cerfs.

Le titre de la rando avait tout pour plaire aux amoureux des animaux et de l'insolite : « le Circuit des Cerfs ».

Ce 19 janvier 2021, nous étions 24 à boucler ce circuit de 14,5km pour 670 m de dénivelé. Voici une des randonnées auxquelles (à part les vues sur trop de rails et trop de côte bétonnée), à l'unanimité, on décerne volontiers 19 sur 20. La boucle, au départ de Cerbère, nous a fait passer par le pic de la Galline, le pic Joan, le col de Cerbère, le col de Farella, le cap Cerbère.

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Les dieux étaient avec nous, en plus des demi-divinités menant la troupe, Gines, Jean-Paul, Jean-Pierre, Jean-Marc et Christiane. Les dieux nous gratifièrent d'un ciel bleu sans un nuage, d'un soleil pur, d'un air vif et doux, d'un paysage maritime et montagnard sublime.

Le lieu du pique-nique a été choisi au plus beau belvédère possible. Nous avions, vers l'ouest, la masse élancée du puig de Querroig (que nous irons gravir le 26 janvier) et, derrière, à perte de vue, le Roussillon et les sommets des Corbières, avec le golde du Lion et les sables de St-Cyprien, d'Argelès, l'avancée du cap Béar, les tours de Massane, de Madeloc et de St-Elme, la mer à l'infini à droite et Banyuls et Cerbère à nos pieds; les monts enneigés du Sailfort et même au loin le sommet du Canigou, et les Pyrénées dans leur majesté à gauche; on se retourne vers l'est, et c'est la plaine de l'Emporda à l'infini et, à gauche, l'étonnant cap Créus qui n'en finit pas, et à nos pieds Port-Bou et la colline qui nous cache Colera et les autres abris maritimes espagnols que l'on sait là.

               La "vallée des cerfs" s'est métamorphosée en "vallée dessert" lorsque chocolats, gâteaux des rois, fruits confits, mantecao, ont circulé en fin de repas, et lorsque Chantal nous a servi sur un plateau ses délicieux pruneaux au cognac. C'est sans doute pour cela que les 670 mètres de dénivelé avoués à l'arrivée ont été acceptés avec le sourire, sans que personne ne rouscaille, au lieu des 700 métres prévus sur le programme et pour lesquels nous nous étions déplacés.

           Autre surprise : les cerfs de l'Antiquité étaient bien là, mais métamorphosés en chèvres. Leur berger, originaire de Grenade, assisté de 5 chiens ne comprenant également que le castillan et quelques mots de catalan, nous en précisa le nombre : 360 cerfs-chèvres, qu'il gardait là 6 mois de l'année pour entretenir les pentes sauvages du Querroig, au frais des contribuables espagnols.

            Après le pique-nique, longue descente voluptueuse vers la côte à travers la garrigue toute jaune d'ajoncs et parfumée de lavande, de ciste, de romarin, de thym et de sarriette.

A mi-pente, nous avons coupé le sentier que prirent, en février 1939 les centaines de milliers d'exilés espagnols fuyant le régime franquiste et venant se réfugier en France. Divers monuments, stèles, oratoires et panneaux photos, rappellent leur long exode.

              Et nous avons atteint, au cap Cerbère, la plate-forme du phare commandant l'entrée maritime de Port-Bou, puis nous avons rejoint Banyuls où nous étions garés, avant de rejoindre en cortège routier Port-Vendres.

19 sur 20. Oui, peut-être même plus. 

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            Et maintenant, nous donnons rendez-vous plus bas directement à celles et ceux qui n'aiment pas lire ni se documenter, il y a des images à regarder. Pour les autres, qui aiment apprendre, voici la curieuse et réelle histoire qui lie à jamais Cerbère à Port-Vendres. C'est en fait l'histoire d'une incroyable manipulation qui a contribué à la longue malédiction qui touche le port de Vénus. " Il était une fois...

 

               Notre rencontre d'aujourd'hui avec les cerfs s'est passée évidemment à l'endroit « là où il y a des  cerfs », ce qui se disait en latin (en romain il y a 2 millénaires) : « locus cervaria » qui, au fil des siècles et des fautes de prononciation, est devenu d'abord ''Cervère'', puis, en catalan, Cervera de la Marenda, et Cerbère en français.

        C’est un géographe romain, Pomponius Mela, né en Ibérie au 1er siècle de notre ère, qui mentionne ce lieu-dit alors inhabité, cette vallée de passage, « locus cervaria » en indiquant simplement que, de son temps, le lieu-dit « locus cervaria » sert aussi de « finis Galliae » de limite de la Gaule.

Il oublie, le malheureux, de préciser qu'il s'agit d'une "limite provisoire, éphémère", car ce lieu-dit n'a aucune habitation, ne se trouve pas au carrefour de voies de communication, n'a pas de structures portuaires, ne pourra jamais être une frontière romaine durable. C'est juste un lieu de passage entre Portus Veneris et Empuriès, deux villes grecques puis pré-romaines et devenues romaines au début de notre ère.

Cet oubli de Pomponius Mela a eu de graves conséquences par la suite.

Quand on parle du passé de Cerbère, on parle forcément aussi de celui de Port-Vendres. Et vice-versa.

           Déjà, ces quatre mots désinvoltes de Pomponius Mela ("locus cervaria, finis Galliae") nous embêtent un peu, nous les Port-Vendrais qui connaissons les descriptions faites par l’historien romain Strabon ( - 63 à 25), qui a indiqué de façon précise que « la frontière littorale de la Gaule en venant de Narbonne » était « le sanctuaire d’Aphrodite » situé « au promontoire pyrénéen » que même Pomponius Mela identifie au Cap Béar (et non pas au cap Créus). Et Strabon donne  les distances en milles romains de l'époque, qui correspondent exactement à nos 93 kilomètres d'aujourd'hui entre Narbonne et Port-Vendres. Pline l’Ancien, un autre historien de la même époque que Strabon, indique, lui, des mesures de distances (en milles romains, correspondant aux 59 kms) à partir d'Empurias, pour situer le sanctuaire de Vénus, et elles indiquent également Port-Vendres de façon indiscutable. Selon leurs textes et leurs mesures, le sanctuaire d’Aphrodite, et donc la frontière de la Gaule à ce moment-là, ne peuvent être qu’à Portus Veneris abrité sous le cap Biarra.

      Cette frontière romaine a bien sûr été déplacée en fonction des avancées des armées romaines, donc de la colonisation de l'Ibérie par les Romains à partir de leurs possessions en Gaule. Et, plus loin que Portus Veneris, une frontière provisoire a, un temps, été établie à « l'endroit où il y a des cerfs », lorsque la région, inhabitée, fut conquise, cette limite provisoire dont fit connaissance Pomponius Mela et qu’il cita. Mais, très rapidement, les Romains abandonnèrent ce lieu-dit trop éloigné des voies de communications routières et maritimes et portèrent la frontière à un nouveau carrefour plus utile à leurs échanges. Tout en conservant le sanctuaire de Vénus au Port de Vénus.

Cependant, à cause du manque de précision de Pomponius Mela, qui a oublié les mots "provisoire, éphémère", le mal était fait. Et l'Histoire allait en être bouleversée.

Sous Louis XIV, négociateurs espagnols et négociateurs français sont chargés de remplacer les militaires en guerre à cause du flou de la frontière.

   Au 17 è siècle, après trop de morts et d'argent dépensé en guerres sur la frontière disputée, donc en préparation du Traité des Pyrénées, des diplomates français et espagnols sont chargés de résoudre le problème de la fixation de la frontière. Il est souhaité de part et d'autre de mettre fin aux guerres que se livrent depuis plusieurs siècles les deux pays et de définir un tracé juste et définitif de la frontière.

      Les diplomates, en préalable, se mirent d’accord pour retrouver les anciens écrits des géographes romains qui avaient fixé cette frontière précisément à l’époque de la vie de Jésus (début donc du christianisme, leur religion commune, aux Français et aux espagnols du 17 è siècle) et ils décident de se  conformer à ces écrits. Accord est pris : ce sont les mesures des Romains qui, 17 siècles après, feront autorité.

    Les négociateurs espagnols avancèrent alors de solides raisons historiques, les textes et les mesures données par les géographes grecs et romains Strabon et Pline, les cartes antiques en leur possession et les descriptions précises, en rappelant qu'il y avait des preuves : les vestiges du sanctuaire et de la frontière qu'ils avaient vus à Port-Vendres. Ils peuvent donc, en toute objectivité, affirmer que, puisque le sanctuaire de Vénus était à Port-Vendres, c'est donc là, à Port-Vendres, que la frontière devait de nouveau être tracée, de façon définitive, entre la France et l'Espagne. Et ce serait la fin des guerres de frontières entre les deux pays.

                 Mais ils ignoraient que, depuis plusieurs années déjà, Louis XIV, Richelieu puis Mazarin et leurs conseillers avait décidé, à Versailles, qu’une frontière à Cerbère, ou même au cap Creus ("voyons large !") plutôt qu’au Port de Vénus, était davantage profitable aux intérêts du roi de France. En acceptant que la frontière revienne au niveau de Port-Vendres, et en suivant à partir de là les crêtes des Pyrénées sur le territoire espagnol, cela aurait menacé la plaine du Roussillon. Il  fallait ruser et effacer les traces du passé à Port-Vendres.

           Les Espagnols ignorèrent donc qu'à cet effet, au Port de Vénus d'importants et récents travaux de démolition des vestiges du sanctuaire antique et des murailles de la frontière romaine faisaient tout  disparaître du passé romain. C'est ainsi que les restes d’une ancienne frontière romaine à Port-Vendres (murailles, tours de guet, fortifications) et les vestiges de l’antique sanctuaire de Vénus furent détruits avec minutie juste avant le Traité de 1659, de façon à désigner Cerbère comme seule ancienne frontière romaine possible, sur la foi de l’écrit de Pomponius Mela : « Au lieu-dit Cervaria, finissent les Gaules ». La ruse des Français, qui n'ont pas osé aller jusqu'à modifier le nom de Portus Veneris en le remplaçant par exemple par celui de  "Port Louis (XIV)" a parfaitement réussi. Mais cette ruse n'a pas arrêté les guerres, car les Espagnols ont découvert - trop tard - qu'ils avaient été escroqués.

 

            Ainsi, lors du Traité des Pyrénées, en 1659, les négociateurs français, menés par l'érudit Pierre de Marca en parfait accord avec Mazarin, ministre de Louis XIV, réussirent à mettre le doute dans l’esprit des Espagnols, à manipuler les mesures romaines, à démontrer qu’à Port-Vendres il n’y avait plus de vestiges ("puisqu'il n'y en a jamais eu"), et finalement à faire prévaloir l’écrit de Pomponius Mela sur ceux de Strabon et de Pline l‘Ancien, de façon à grignoter le plus de territoire possible sur l’Espagne. 

 

     (Toute cette passionnante histoire résumée ici est longuement détaillée dans un chapitre de l’ouvrage « Pyréné, la cité et l’île retrouvées » de M. J. C. Bisconte de Saint-Julien. Ed. du Cap Béar 2019).

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Photo : la base de cette antique muraille mesure encore aujourd'hui 2,40 mètres de large. Cette muraille-frontière a été arasée de façon à ce qu'on ne la distingue plus, perdue dans les herbes du col de Les Portes à la sortie est de Port-Vendres. Toutes traces du passé antique du Port de Vénus, frontière de la Gaule, ont ainsi été détruites volontairement pour servir d'autres intérêts que ceux de Port-Vendres.

Il en a été ainsi de l'antique sanctuaire d'Aphrodite ou de Vénus. En l'an 2 avant J. C., les Romains avaient peint une carte de leur empire sur le mur d'un portique à Rome et de multiples copies de cette carte mentionnée  ont circulé pendant 16 siècles, jusqu'à celle que l'on connaît aujourd'hui sous le nom de "Carte de Peutinger". Le sanctuaire de Vénus, sur son île au milieu du port, est située, sur la Table de Peutinger, en face de l'étape romaine de la Voie Domitienne mentionnée comme étant "Ad Centenarium". Cette étape ou station semble correspondre à la station d'étape de la Voie Domitienne "Ad Centuriones" mentionnée par l'auteur du document "Itinéraire d'Antonin" (rédigé suite à une enquête demandée par Jules César et menée à bien par Octave Auguste) : cette structure d'étape, ainsi deux fois mentionnée sur les documents anciens, correspondrait à l'actuel "castellet", à cet ancien castellum romain dont les vestiges sont encore visibles de nos jours au col de la Banette sous le col de Mollo, et qui pouvait abriter, vu l'importance de sa base, une centurie, cent légionnaires et leur centurion. 

          Ici, photo du sanctuaire et de son île représentés depuis l'époque romaine sur la Table de Peutinger, dans l'ouvrage "Port-Vendres de l'Antiquité à nos jours" de l'historien Gaston Vidal, édité en 1969. Le sanctuaire fut détruit lui aussi avant le Traité de 1659, pour les besoins de la cause. Vauban édifia une redoute avec la Tour carrée à son emplacement. La Gare maritime actuelle de Port-Vendres a été construite en 1929 sur la dalle de béton recouvrant cette ancienne île. Le nom du "Quai de la Presqu'île" a quand même survécu. 

L'Aphrodision

                                                        

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        Les conséquences de la falsification des documents et des preuves matérielles par les diplomates français.

           On sait, par la suite de l’Histoire, qu’au lendemain de ce Traité des Pyrénées de 1659, les Espagnols (le roi, les armées, les élites connaissant les textes et documents romains et au fait de la réalité du terrain) désavouèrent leurs diplomates qui s’étaient montrés si faibles face aux diplomates rusés (et malhonnêtes) français.

 Malgré la menace de la reprise des hostilités, Louis XIV refuse de remetre en cause le Traité qui l'avait avantagé. Il ne pouvait pas faire restaurer à Port-Vendres ce qui avait été rasé juste avant 1659.

Aujourd’hui, la Cerdagne reste coupée en deux, et la présence dans le Vallespir de quelques villages espagnols toujours enclavés sur le territoire français (comme Liivia) témoigne de cette époque où les négociations finirent en marchandages piteux.

« S’il n’y avait pas eu, comme nous l’avons démontré, une falsification des données, l’Espagne aurait conservé les territoires ibères au sud de Port-Vendres, dont Banyuls, le Vallespir, avec ses industries et ses mines de fer, sur le versant sud du Canigou. Le port et la cité de Port-Vendres en ont été les victimes collatérales, leur passé antique nié et oublié et les vestiges existants détruits méthodiquement jusqu’à aujourd’hui » (J. C. Bisconte. Page 200).

         Et la guerre reprit donc, dès 1674, les Espagnols ne pouvant se résoudre à avoir perdu autant de territoires qui leur appartenaient depuis les Romains.

En 1700, Vauban est obligé de fortifier Collioure et Port-Vendres pour bloquer les éventuelles attaques espagnoles.

En 1846 Port-Vendres devient port national à l’égal de Toulon et des forteresses sont construites à grands frais pour bloquer les armées espagnoles.

Entre 1883 et 1886 sont construits les forts entourant Port-Vendres et la route stratégique les reliant, toujours dans le but d’éviter la reprise du Roussillon par l’Espagne.

       Le simple oubli d'un mot par Pomponius Mela a coûté très cher à l'Espagne, mais a aussi coûté très cher à Port-Vendres !

 

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 Et avant ?

             Plusieurs millénaires avant l'arrivée des colonisateurs romains (installés ici un siècle avant J. C.) , la région de Cerbères était habitée : les 2 menhirs et les 3 dolmens encore présents sur le territoire de la commune, témoignent de la présence, au néolithique (à partir de 5000 ans avant le début de notre ère, il y a donc 7000 ans), de populations actives. Malheureusement, l’expression par l’écriture n’avait pas encore été inventée et seuls ces mégalithes essaient de nous faire comprendre quelque chose de la vie de ces mystérieux ancêtres.

        Datant du 3 ème siècle avant J. C., nous avons les traces de l’implantation d’une colonie grecque à Empuries (à 50 km au sud de Cerbères).

Les Romains, au premier siècle avant notre ère, conquirent la région et s’implantèrent durant plus de 600 ans sur ce territoire. On comprend que la frontière entre la Gaule conquise et l’Ibérie à conquérir ait varié au fil des victoires, et que celle que Pomponius Mela a indiquée à Cerbères n'était que provisoire, éphémère, juste le temps pour les armées romaines d'avancer en Espagne.

          Le négociateur Pierre de Marca et les diplomates français ont tout fait pour cacher aux négociateurs espagnols lors de la préparation du Traité des Pyrénées en 1659 que la vallée des Cerfs (locus cervaria) n'était durant l’empire romain, et jusqu'au 9 ème siècle de notre ère, qu'un lieu de passage sans habitations, une vallée déserte juste traversée pour servir aux échanges entre Empuries et le Port de Venus sur la route vers Elne (Illiberis), trois cités romaines importantes, et que Cerbère n'a été à l'époque ou écrivit Pomponius Mela qu'une frontière éphémère, provisoire. Que la vraie frontière entre la Gaule romaine et l'Ibérie était le sanctuaire de Vénus, Portus Veneris.

 

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    Et depuis ?

                     Au Moyen-âge, du temps de Charlemagne, au 9 ème siècle, cette vallée de passage, le "locus cervaria", fut sécurisé au point de pouvoir conserver une première population : en chassant les Arabes depuis Narbonne, l'empereur cherchait à implanter fermes et monastères fortifiés pour fixer les paysans sur une terre qu’il a enfin réussi à sécuriser. Sous son petit-fils, le roi Lothaire, apparaît en 981 une première mention d’un hameau « Vall de Cervera », en même temps qu'est constitué, à côté, le fief de Cosprons.

En 1155, le hameau est écrit seulement ''Cervera''.

A cette même époque, le hameau se dote d’une chapelle : Sant Salvador de Cervera. Le menhir qui en était proche reçoit alors le nom de  « la Pedra Dreta de Sant Salvador ». Et, pour marquer la frontière avec l’Espagne, servir de tour de guet et de tour de défense, est construite en dur la tour de Querroig. Peut-être, selon la tradition, sur une ancienne tour en bois érigée par les Wisigoths. Le programme des randonnées d'"Evasion Catalane" prévoit la visite de cette tour de Querroig, au départ de Banyuls, le mardi 26 janvier prochain (rando de 17 km avec 900 mètres de dénivelé).

        C’est la commune voisine des Espilles, ou des Abeilles, qui deviendra plus tard celle de  Banyuls de la Marenda, peuplée de pêcheurs, qui a, durant le Moyen-âge, la responsabilité de cette vallée et de ce hameau de Cervera. Diverses familles de seigneurs locaux tiennent les terres, dont la famille Pavo, qui possède déjà la seigneurie de la haute vallée.

        Cette famille disparaît et, au début du 18 ème siècle, l’évêché d’Elne, qui a hérité de cette vallée des cerfs, la cède à la famille de Cosprons, détentrice du fief de Cosprons depuis le 10 ème siècle (décision du roi Lothaire datée de 981). La révolution de 1789 l’en dépossèdera pour en faire un bien commun.

 Après 1789, les vignes de Banyuls s’étendent sur la vallée de Cerbère, en innovant : création de terrasses avec murets pour retenir la terre. Ces murets sont remarquables encore aujourd'hui.

En 1820, le hameau de Cerbère ne compte que dix familles plus quelques pêcheurs saisonniers.

Mais la frontière, non gardée, devient le lieu d’une importante contrebande puisque les prix sont différents entre la France et l’Espagne. Et c’est par la mer que cette contrebande de produits non taxés devient une véritable industrie. Le port de Cerbère s'agrandit au rythme de cette activité illégale. Les Douanes françaises finissent par y construire un poste frontière en 1841.

A partir de 1846, les travaux de la construction de la ligne ferroviaire reliant la France à l’Espagne emploient une importante main-d’œuvre et l’ancien pauvre hameau finit par héberger jusqu’à 800 personnes. Le premier train traversera le village en 1876. Une nouvelle église, dédiée à Sainte-Marie, est construite en 1880, grâce à la vente de vin par les particuliers.

Ce n’est qu’en 1888 que la commune de Banyuls, déjà amputée de sa partie ouest ayant servi à créer la commune de Port-Vendres en 1823, est à nouveau amputée sur son côté est pour que le lieu-dit « Cerbère » devienne une commune (le 22 juin 1888).

La différence d’écartement des rails entre la France et l’Espagne (voulue pour éviter le transport de troupes en cas d’invasion en temps de guerre) ne permet pas aux mêmes trains de circuler dans les deux pays. Cela nécessite qu’à la frontière de Cerbère, limite de la France, toutes les marchandises provenant d’Espagne soient débarquées des trains espagnols puis rembarquées dans les trains français, transbordement qui apporte du travail à la population locale. Du travail, mais pas toujours très bien rémunéré (non seulement les gens veulent du travail, mais en plus ils voudraient être payés !) : en 1906 une grève des femmes manutentionnaires des caissettes d’oranges durera un an. La mécanisation du transbordement finira par résoudre le problème et les clients français continueront à pouvoir acheter  les oranges importées d'Espagne sans qu'elles passent à un prix inabordable. 

  Cerbère est aujourd’hui la station balnéaire la plus au sud de la France continentale ou métropolitaine. Après Cerbère, c'est Port-Bou, en Espagne.

Les cinéphiles reconnaîtront dans l'hôtel photographié à l'entrée ouest de Cerbère (grosse masse blanche de béton sans grand charme) un lieu choisi pour de nombreux tournages.

Aux images !

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Commentaires
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Spécial merci à notre reporter pour les informations concernant les cerfs-chèvres : les contribuables espagnols peuvent être fiers de financer un tel mode écologique -et millénaire- d'entretien des espaces naturels, l'éco-pâturage ou écopastoralisme- , ils nous ont de surcroit offert un beau spectacle vivant ! Le berger a-t-il renseigné sur la destination du lait ? Produit dans un tel cadre, ça doit faire du un excellent fromage.<br /> <br /> Quelques chèvres nettoieraient-elles ainsi les abords de Port-Vendres ? Pas sûr qu'elles apprécieraient les jeunes pousses de ronce truffées au polystyrène...
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