Le grand tour du val de Pintas

6 janvier 2021

LE GRAND TOUR DU VAL DE PINTAS. 6 janvier 2021.

L’abri maritime en eaux profondes qu'est le port de Vénus est la sortie contrainte d'un énorme entonnoir rocheux naturel en amont, dont les pentes sont aujourd'hui couvertes de vignes.

Au fil des millénaires, l'eau des pluies orageuses dévalant de ces énormes surfaces en pente a réussi par creuser le lit d'un torrent, celui qui suit le fond du val de Pintas. Lorsqu'il pleuvait sur les pentes de cet immense entonnoir, des tonnes d’alluvions et de caillasses glissaient et étaient entraînées vers le bas. Comme partout, les montagnes descendent à la mer.

Ce torrent était fou et dangereux : à chaque gros orage, après avoir arraché les vignes des pentes malgré les murets de retenue de la terre, ses entrées au port étaient fracassantes. Il renversait tout sur son passage. On peut aussi le soupçonner d’avoir changé en presqu’île l’ancienne île du milieu du port sur laquelle les Phéniciens, puis les Grecs, puis les Romains, auraient établi le sanctuaire d’Aphrodite qui donna son nom au port de Vénus.

Les anciens Port-Vendrais ont fini, au 19 ème siècle, par dompter cet impétueux torrent du val de Pintas : son débit a été cassé par des digues de retenues et des radiers; on a même modifié son lit pour mieux le canaliser ; on est allé jusqu’à l’enterrer depuis son entrée en ville près de la gare SNCF jusqu’à son arrivée assagie dans le port.

Aujourd’hui, le val de Pintas est devenu une agréable vallée. Elle est bordée, principalement sur ses pentes de l’ouest, là où se dresse la tour du fort saint-Elme, de magnifiques gradins de vignes étagées, qui ressemblent à d’immenses théâtres en l’honneur de Dionysos. Les acteurs en sont les viticulteurs, qui binent et aèrent le sol, traitent les ceps et les grappes, vendangent le futur collioure et le futur banyuls, taillent les sarments, entretiennent leur casot, perpétuent un savoir-faire ancestral qui est un art.

Pour effectuer notre grand tour des crêtes qui surplombent le val de Pintas, nous avons commencé par grimper au pied du fort saint-Elme dominant Collioure. Nous sommes passés au fort Dugommier, puis sommes montés aux Daines pour descendre au col de Mollo. Après quoi ce fut la longue et agréaable descente par le sentier de l'eau depuis le col de Mala Cara pour rejoindre celui de Perdiguer puis celui de Migt. Pour l'agrément, nous avons fait un petit tour jusqu'à la table d'orientation proche de l'ancienne réserve d'eau du puig Verderol, et sommes revenus au col de Migt pour la dernière descente jusqu'à la gare.

Nous lançons un appel à d'éventuels érudits, historiens ou amateurs connaisseurs de notre région : d'anciennes bornes en calcaire, hexagonales avec le dessus arrondi, certaines gravées de numéros, sont encore en place dans le secteur du col de Les Portes, près de la tour saint-Elme, mais aussi à divers autres endroits des crêtes, comme au sommet ds Daines (voir la photo plus bas). Il semble qu'elles aient un lien avec le passé militaire de ces secteurs.

Sait-on de quand elles datent ? Que bornaient-elles ? Ont-elles été répertoriées ? Merci pour vos réponses, de la part de tous les curieux d'"Evasion Catalane " : elles paraîtront dans le blog !