Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les randonnées pédestres d' EVASION CATALANE
22 octobre 2020

La Colline de la Mauresque et ses alentours flous. 22 Octobre 2020.

   

M 11

                                                                                            

Le circuit de la Mauresque est d'habitude un plaisir à parcourir, mais les paysages si souvent admirés ont aujourd’hui disparu sous une brume dense.

 

Disparu dans le brouillard, le fort Béar ! Disparue dans la brume, la jetée ! Disparus, Argelès et toute la côte ! Tout notre horizon a été avalé, balayé, essuyé, volé !

 

Faisant bon cœur contre mauvaise fortune, les  28 randonneurs que la météo n'avait pas découragés ont cependant bien apprécié cette sortie en plein air.

 

Quittant la gare et traversant la ville, tous masqués (quelle photo souvenir !), nous sommes arrivés au port.  Après avoir longé le quai, direction l’Obélisque et l’église, nous avons pris la rue du Soleil (nous nous sommes bien moqués d’elle aujourd’hui !).  Puis nous avons continué jusqu’au promontoire de la Vierge, qui n’a rien pu faire pour nous.

 

Lui tournant le dos, nous avons alors pris le sentier de randonnée de la colline de la Miranda pour accéder au sentier des douaniers, lui le bien nommé (bien que nous n’ayons rencontré aucun douanier !) ! Nous sommes passés au-dessus de la crique de la Mauresque et sommes arrivés au fort Vauban du 18 è siècle, puis aux blockhaus de 1944.

 

Là, aux blockhaus, les plus jeunes s’en donnèrent à cœur joie à cache-cache. Pendant que les plus âgés s’intéressaient aux tags et aux inscriptions des murs, dont des poêmes.

 

Un peu plus bas, les plages d'en Baux et celle de l'Ouille nous parurent bien désertes après leurs succès de l'été !

 

Cette sorte de longue contemplation voilée, embuée, le long de la côte, fut cependant agréable.

 

 Il ne nous restait plus qu’à finir notre boucle en empruntant la route Impériale, puis le petit sentier pentu qui grimpe à la Croix Blanche et, de là, nous laisser tranquillement descendre jusque la gare tout en admirant le port. Nous avions parcouru 7 kilomètres. Et totalisé 200 mètres de dénivelé. Pas mal, hein ?

 

 Je veux savoir !

 

Pourquoi donc  cette appellation de « La Colline de la Mauresque » ?

 

  Est-ce qu'un magnifique palais des Mille et Une Nuits, appartenant à une belle princesse mauresque, aurait autrefois été construit sur ce promontoire, d’où le  nom resté à cette colline et à sa jolie crique ?

 

         Sur tout le pourtour méditerranéen septentrional (les côtes de la Turquie (l’ancienne Asie Mineure, l’ancienne Grèce, chrétienne byzantine jusqu’en 1453), les côtes des îles crétoises et de toute la Grèce, de la Sardaigne, de la Sicile, des côtes italiennes, de la Corse, des côtes varoises et de tout le sud de la France, de l’Espagne, …) ont été construits, à partir du 8 è siècle, des « Tour des Arabes », « château des Arabes », « fort arabe », « colline de la Mauresque », « fort de la Mauresque », etc. Il s’agit-là d’appellations dues à des  transmissions orales populaires qui, depuis l’origine de ces constructions et durant les siècles de ces transmissions locales orales, ont abouti  à nommer l’objet exactement par… le contraire de son appellation originelle. C’est là une curiosité historique et toponymique, ainsi qu’une preuve que les transmissions populaires ne sont pas toujours à prendre comme des ‘’vérités vraies’’ !  La toponymie peut parfois nous aider à connaître l’origine d’un lieu, d’un édifice ancien, mais à condition de confronter l’explication qui nous parvient oralement avec les acquis de la géographie, de l’histoire, avec les preuves et les témoignages fiables.

          Or, pour ce qui nous concerne ici, la presque totalité de ces constructions de guet, de vigie et de défense n’a pas été édifiée « par les Arabes » (ou les Maures ou pour une Mauresse), mais au contraire contre les incursions et attaques de diverses origines, mais provenant d’Afrique du Nord et donc qualifiées d’ « arabes » en général.

        Ce furent d’abord les « Maures », agissant en pirates pas encore islamisés, donc avant 622, qui lançaient des raids-éclairs sur tout le pourtour méditerranéen. Leur flotte survenait, et ils razziaient, pillaient, égorgeaient, puis fuyaient mettre à l’abri leur butin. Puis, à compter de 622, ces razzias arabo-islamiques se firent au nom d’Allah. Leur succédèrent, avec la même idéologie de conquêtes et de butin sacré, les pirates  turco-islamiques ou ottomans (dès l’islamisation des Turcs par les Arabes au X è s.). Ces tours et forts sur les côtes menacées et déjà attaquées furent donc construits contre l’avancée de l’islam lancé en guerres de conquêtes : ainsi le fort Saint-Elme, à l’origine une simple tout de vigie construite dès le 9 è s. pour alerter les populations de l’arrivée de bateaux des armées arabo-islamiques ; ainsi les tours de Cadaquès, de Madeloc, de la Massane, construites au 13 è siècle par Philippe II, roi de Majorque et compte du Roussillon, en partie pour cette même raison. Et ainsi le poste de guet qui donna son nom à cette colline sur son promontoire dominant la mer.

 

             Durant les époques grecque et romaine puis byzantine (chez nous, époques mérovingienne, capétienne, carolingienne, franque, jusqu’au 8ème siècle), ces tours étaient donc destinées à avertir les populations côtières de l’arrivée de navires d’abord qualifiés de « pirates » (à défaut de pouvoir identifier de façon précise qui étaient ces spécialistes de la razzia violente partis de la péninsule arabique puis des côtes africaines conquises par eux) puis, à partir du 7ème siècle, date de la création de l’islam, pour alerter les populations de l'arrivée d'expéditions étant parties officiellement au combat, en djihad, au nom d’Allah, avec des navires appartenant aux armées arabo-islamiques, puis turco-islamiques.

 

        L’appellation de « la colline de la Mauresque » n’est que la contraction populaire au fil des siècles du nom du poste de guet ou de la modeste tour de vigie dont le rôle vital était d’alerter les populations de l’arrivée de « la marine des Maures », de « la marine mauresque », spécialisée dans des raids dévastateurs et souvent mortels. Il fallait sans cesse veiller et alerter les populations de ce littoral afin qu’elles fuient, qu’elles partent se cacher dans les hauteurs de l’arrière-pays le temps du djihad du jour : arrivée surprise, pillage, saccage, viols, égorgements, embarquement du butin, puis retour immédiat vers l’Afrique nouvellement arabisée et islamisée, devenue « Terre d’islam ». Il n’était pas question pour ces djihadistes, ces « Arabes » ou ces « Maures », de construire des tours, des fortins, des châteaux, des postes de guet et des villes ! Voler était une façon de prospérer, sanctifié par le commandement coranique. Seuls certains chefs de guerre arabes, en Espagne et en Iran, décidèrent de s’installer fastueusement dans les pays conquis en apprenant des populations locales l’art de la construction de châteaux en pierre et de la sculpture ornementale : ainsi les merveilles architecturales de l’Andalousie.

 

L’appellation primitive de la « tour contre les Maures » a, au fil des générations durant près de vingt siècles (car les « Maures » pratiquaient les razzias et raids meurtriers bien avant la création de l’islam au 7ème siècle, qui n’a fait que sanctifier ces pratiques pour les utiliser au service de son expansion) été déformée en « tour des Maures », ou, ici, en « colline de la Mauresque ». C’est comme si les blockhaus construits sur cette même colline en 1944 par les Allemands pour se protéger des troupes amenées par le débarquement des Alliés finissaient par être appelés, dans mille ans,  « les casernes des Américains » : l’exact contraire de ce que furent en réalité ces blockhaus. 

 

Pour éviter les confusions et mieux comprendre cette appellation populaire et fausse de « la colline de la Mauresque », quelques précisions de vocabulaire :

 

a)      Les « Maures » (du latin « mauri », les « basanés », les gens de peau sombre) étaient des Berbères du nord de l’Afrique appelés "Mauris" par les Romains il y a plus de deux millénaires. Ces Maures ne sont pas d’origine arabe et nombre d’entre eux ont résisté à l’arabisation de l’Afrique du Nord et ont refusé leur islamisation commencée à partir de 640. Bien avant les invasions arabo-islamiques du 7 ème s., ils avaient été invités à s’installer de ce côte-ci de la Méditerranée. Les Romains récompensaient leurs vétérans légionnaires en leur accordant des territoires, et de nombreux légionnaires romains berbères originaires  d’Afrique du Nord, notamment des « Maures » du Maroc, se virent récompensés par des fermes et des territoires à qui ils donnèrent leur nom (comme à Mortagne-au-Perche, en à plusieurs autres endroits en France).

 

b)      Les invasions arabo-islamiques commencèrent après 622, sur le modèle des actes de piraterie précédents, mais désormais stimulées par un idéal et des récompenses religieuses post-mortem. Les Arabes furent arrêtés à Poitier en 732, un siècle exactement après la mort de Mahomet (en 632). L’islam politique, ou de conquête, servait de moteur et de combustible à ces guerres offensives de conquêtes territoriales et d’appropriations de biens. C’est une erreur que de croire que tous les Arabes sont musulmans et d’employer le terme de « musulmans » pour désigner les Arabes. Nombre d’Arabes sont chrétiens, d’autres juifs, ou athées, ou agnostiques. Comme c’est une erreur de confondre Berbères et Arabes. Ou Turcs et Arabes.

 

c)      Les « Sarrasins » (du latin médiéval Saraceni) désignèrent à partir du XI è siècle les musulmans d’Afrique du Nord. Ceux que nous appelons aujourd’hui les « arabo-islamiques ». Nous le faisons souvent à tort, car de nombreux Berbères, comme les Kabyles, ont toujours refusé leur arabisation et leur islamisation (restant chamanistes). Les toponymes employant ce nom de ‘’Sarrasins’’ sont donc des appellations postérieures à la présence des Arabes et des musulmans sur le territoire français. Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne) est en fait un ancien Castrum Cerrucium (IXè siècle) qui doit son nom à un homme latin Cerrucius, nom tombé par la suite (Castrum Saracenum en 961) dans l’attraction du nom des Sarrasins (comme sans doute celui de  Castel-Sarrazin dans les Landes). On trouve d’ailleurs de nombreux édifices faussement attribués aux Sarrasins (la tour Mauresque de Narbonne, le château Sarrazy de Brassac dans le Tarn, etc) alors que la plupart du temps il s’agissait de constructions destinées à se défendre contre eux ou même de constructions antérieures (comme les remparts romains de Toulouse, eux aussi  faussement attribués aux Sarrasins, l’oppidum de Lagaste, etc).

 

 

 

   Alors : non, il n’y a pas eu de magnifique palais des Mille et Une Nuits, dans lequel vivait une belle princesse, une Mauresque, sur cette colline ! Mais il y eut une vigie, un poste de guet, pour alerter de l’arrivée des « Maures », des pirates.

 

 

 

Le fort sur la colline.

 

En 1700, Vauban conçut l'idée d'établir un port militaire près de la frontière avec l’Espagne qui ne reconnaissait pas la frontière de Cerbère-Port-Bou décidée au Traité des Pyrénées de 1659. La construction de ce port fut négligée jusqu'en 1722, date à laquelle les travaux furent repris par l'intendant de Mailly.

   En 1841 puis en 1848, deux commissions militaires furent chargées de l'amélioration de la défense du port, Port-Vendres apparaissant alors, par sa position, comme le seul port, avec Toulon, qui puisse recevoir des vaisseaux de guerre.

   La principale défense fut placée à la pointe de la Mauresque. La commission de 1848 propose d'y établir une batterie de huit ou dix pièces, dirigées vers le mouillage des vaisseaux devant l'entrée du port, avec un épaulement en retour destiné à abriter deux canons dirigés vers le nord.

     L'aménagement du fort de la Mauresque, dans les années 1850, aura nécessité un important travail d'excavation de la roche et de terrassement. Le réduit est un ouvrage rectangulaire comprenant, au rez-de-chaussée, sept salles voûtées en plein cintre. De part et d'autre du passage d'entrée se trouvaient la chambre du gardien de batterie et celle du chef de port. Suivaient la cuisine, le magasin à vivres, les chambres de troupes et trois magasins d'artillerie. Un escalier intérieur permettait l'accès à la terrasse ceinturée par une galerie couverte, munie de bouches à feu. Les ailes est et sud de cette galerie ont disparu. Le réduit était en outre équipé d'une citerne. Les deux entrées du bâtiment, au sud et à l'ouest, sont surplombées d'ouvrages de défense sur encorbellement. (https://monumentum.fr/vestiges-fort-mauresque-pa00104188.html).

 

Les blockhaus, eux, datent de la fin de la deuxième guerre mondiale, construits par l’armée allemande.

M 2

M 3

M 4

M 5

M 6

 

______

M 7

M 8

M 9

M 10

M 11

M 12

M 13

M 14

M 15

M 16

M 17

M 18

M 19

M 20

M 21

M 22

M 23

M 24

M 25

M 26

M 27

M 28

M 29

M 30

M 31

M 32

M 8

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 286 874
Newsletter
107 abonnés
Publicité